mercredi 27 mars 2013

Feu alchimique


À la veille de l'équinoxe de ce printemps, mes biens matériels sont partis en fumée.

Cet après-midi-là, j'étais assise à l'ordinateur dans le studio où je vis et je travaille, situé dans une grande maison qui appartient à des amis. J'ai entendu un crépitement bizarre dans la pièce d'à côté, j'ai ouvert la porte pour aller voir, une fumée noire et âcre avait déjà envahi le haut du couloir.

Dans la cuisine, le crépitement venait des flammes déjà énergiques qui dévoraient le frigo. Elles provenaient venaient du bas, là où se trouve le moteur; sur le dessus, la cafetière et la bouilloire avaient pris feu aussi, le tout dégageait déjà une grosse chaleur et des vapeurs âcres. Une micro seconde m'a suffit pour comprendre qu'il était déjà bien trop tard. L'estomac noué, j'ai appelé les pompiers.

Dans ces moments-là, on refuse d'admettre son impuissance et on tente l'impossible. J'ai voulu sauver du matériel, j'aurais voulu être Mary Poppins pour pouvoir, d'un seul geste, injoncter à toutes les affaires de se rendre dans le jardin, dans la plus grande discipline et en rythme… J'ai tout de même eu le réflexe de jeter mon sac et une veste par le balcon, j'ai tourné encore quelques précieuses secondes dans la pièce comme une poule affolée, et puis je me suis dit qu'il fallait sortir d'ici. J'ai ouvert la porte et l'ai aussitôt refermée. La fumée, dense et repoussante, avait totalement envahi le couloir. Il ne m'est plus resté qu'à sauter par le balcon. Un petit trois mètres de hauteur, pas bien le temps de faire dans l'académique, je me suis reçue façon sac de patates. Mais heureusement, sans mal, hormis quelques bleus.

Les deux heures qui ont suivi furent dantesques. Le feu s'est propagé extrêmement vite, les pompiers sont arrivés aussi vite que possible dans ce petit village là-haut sur la colline. La borne à incendie avait peu d'eau et de pression, ils n'ont pu que limiter les dégâts pour les maisons voisines. Au matin, il ne restait qu'un immense tas de cendres des deux maisons mitoyennes. Les habitants, deux familles et moi-même, à la rue avec pour seules possessions les habits du jour sur le dos et la désolation au coeur.

Passé le gros choc, les événements se sont ensuite enchaînés rapidement. A la fois désolants, comme celui de de devoir fouiller dans les décombres pour récupérer ce qui pouvait l'être, constatant au passage l'inventaire de ce qui était perdu, et réjouissante, l'idée d'un nouveau départ, d'une reconstruction selon des plans actualisés.

Parmi les bénéfices de l'expérience, je vis au présent et physiquement l'énergie de la transformation. Une vibration bien particulière à utiliser à choix, comme toute énergie à disposition. Je peux prendre cette puissance pour me consumer dans la dépression et tout voir avec la couleur noire des décombres. Et puis rester à l'état de suie, en vouloir au constructeur de frigo, aux pompiers, au maire du village qui n'a mis assez de pression dans la borne à incendie, au vent qui a attisé le brasier, et puis même au ciel, à Dieu, que sais-je…?

Je peux me poser en victime et faire pleurer sur mon pauvre sort. Et puis profiter de l'aide matérielle des amis et de la famille, et me faire rembourser par les assurances, et puis installer ceci comme fonctionnement, et continuer ma route en assistée à un niveau ou à un autre, du matériel, au spirituel en passant par le psychologique et le mental.

Je peux prendre cette force et en faire un tremplin. Me lever, quitter les ruines et trouver le chemin du renouveau. Discerner les blocages, comprendre la leçon, accueillir le cadeau. Garder du passé ce qui est utile et précieux, et puis inventer un nouveau présent et un nouvel avenir, débarrassé des boulets du passé, des lourdeurs des archives, des poids des souvenirs encombrants.

En fait, tout ce qui est offert lors d'un jeu de la Transformation, sans les décombres ni les ruines.
C'était là mon propos du jour. Et mon conseil: transformez avant d'être transformés.

Prévenez donc les incendies en vous inscrivant à un jeu.







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